Quand ma Maman engendra son premier bambin, la France fondait la SNCF. Elle était dotée d’un
imposant parc de trains à vapeur dont les prestigieux Mistral, Genève-Riviera, Flèche
d’or et surtout le luxueux Train Bleu et le mythique Orient Express. Ils
étaient tractés par les magnifiques locomotives Pacific 231.
Après la guerre il fallut reconstituer un parc bien endommagé.
L’industrie française étant à genoux, la SNCF commanda aux USA et au Canada 1300
locomotives de type 141 R, machines simples et robustes accompagnées de leur wagon
d’alimentation, le tender. Omniprésentes sur notre territoire, elles assurèrent
le redémarrage de l’économie du pays. La moitié d’entre elles étaient alimentées
au charbon, l’autre au fioul. Elles fonctionnèrent jusqu’en 1975.
La conduite était assurée par le « mécanicien » assisté
par le « chauffeur » chargé d’alimenter le foyer. Une telle machine pouvait
consommer 2 tonnes de charbon aux 100 km ainsi que 15 m3 d’eau. La capacité du tender, environ 20 tonnes, assurait une autonomie
confortable, mais celle du réservoir d'eau limitée à 40 m3 imposait de faire le
plein régulièrement. On se souvient du curieux arrêt en gare de
Laroche-Migennes en plein nuit, à mi-chemin entre Paris et Dijon, sans que ne
monte ou ne descende le moindre passager. Une large buse assurait le remplissage des 40 m3 en quelques minutes. Mieux qu’une voiture
électrique.
Démarrer un convoi de 1000 tonnes nécessitait un doigté
subtil pour doser l’énorme puissance de 3000 chevaux. La mécanicien devait
introduire la vapeur dans les pistons avec délicatesse ce qui entrainait une
mise en route d’une lenteur exaspérante mais, attention, à la moindre erreur, à
la moindre précipitation, c’était le patinage assuré des roues d’acier sur le
rail d’acier. Il fallait quelquefois injecter un peu de sable pour améliorer l’adhérence.
De même à l’arrêt où un geste trop brusque pouvait générer un glissement susceptible
de limer une bonne partie de la roue.
Et puis c’était le voyage, assis, en couchette ou
en wagon lit pour les mieux lotis avant l'arrivée en gare de Cannes. C’est toujours avec émotion qu’on revoit le
Jean Gabin de « La bête humaine » ou qu’on écoute le si descriptif poème
symphonique d’Arthur Honegger « Pacific 231 » qui a su rendre
immortels les voyages de cette époque.
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