Plage du Midi. On a trouvé un demi-mètre carré pour poser sa
serviette. Le soleil brille. Il y a foule. Les corps s’étalent, se retournent,
se crèment, se dorent. Les baigneurs cherchent un rafraîchissement dans l’eau
chaude. Tout à coup, un vague mouvement de reflux semble s’opérer. Des
personnes sortent de l’eau en s’exclamant bruyamment. L’attention éveille la
plage. Les gens se lèvent, observent ce qui se passe. « Regardez, là-bas,
vous voyez ? » « Qu’est-ce que c’est ? » Eh oui, une
ombre suspecte envahit la mer. Le bleu vert ocré se teinte d’un noir
inquiétant. La panique s’installe. Tous les baigneurs sortent précipitamment de
l’eau. La foule debout se dresse sur le sable, s’exclame, s’interroge. Le nuage
suspect approche peu à peu de la plage.
Soudain, un courageux tente l’expérience. Il nage en
direction du nuage. « Venez voir » s’écrit-il ! D’autres osent à
leur tour. Pas spécialement courageux, j’attends encore un peu puis me décide à
plonger. J’approche du nuage. C’est un banc de sardines. Elles sont des milliers,
sûrement des millions, car nous, gens du Sud, n’hésitons jamais sur les
dimensions.
Je pénètre dans le banc. Les poissons viennent à ma
rencontre, à toute allure. Au dernier moment, ils s’écartent, leur flot
s’écoule le long de mon corps, m’enveloppe comme une gaine. Tous agissent de
concert, parfaitement synchrones. Agissent-ils
en fonction des lois physiques de la mécanique des fluides comme un vulgaire
ensemble de particules inertes, comme les tourbillons atmosphériques ou les vortex
d’étoiles dans les galaxies ? Le
groupe fait-il, au contraire, comme un vol d’étourneaux, preuve d’une
intelligence collective bien supérieure à celle des individus qui le composent.
Mais alors pourquoi un ensemble d’humains intelligents, ne constitue-t-il
toujours qu’une meute stupide ?
Je me régale. Le banc restera la journée près de la plage au
grand plaisir des baigneurs. Je le retrouverai le lendemain au même endroit puis,
un peu dilué, le jour d’après. Un bon souvenir.
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