C’était la fin de l’hiver. Une chatte noire, errante,
affamée, amaigrie vint quémander à ma porte.
Elle faisait pitié. Je lui donnai
quelques restes de nourriture qu’elle avala sans coup férir.
Pour me remercier
elle me souffla bien fort.
Le lendemain, elle revint. J’eus le tort et le cœur
de la nourrir de nouveau.
Craintive,
apeurée, méfiante, impossible de l’approcher.
Au moindre de mes mouvements elle s’enfuyait.
Mais le pli fut vite pris. Elle
venait chaque jour quêter sa nourriture.
Peu à peu, ma pitié se doublait d’une
certaine sympathie.
Elle était un peu moins efflanquée. Peu à peu ses lignes
s’arrondissaient.
De plus en plus.
Je le compris bien tard. Un autre félin
vagabond lui avait fait sa fête.
La vagabonde s’installa sur mon tas de bois
dans un appentis du jardin.
Et c’est là qu’elle mit au monde deux minuscules
boules de poils noirs.
Une petite femelle hardie et un mâle tout craintif.
Mes
petites filles les baptisèrent Boisette et Tadbois.
Il fallait stopper le risque exponentiel de prolifération.
Conduire toute cette famille à la SPA.
Il n’était pas question de s’encombrer
d’un animal à mon âge avancé.
Mais c’était sans compter les enfants.
La mère
fut adoptée à la SPA, une amie prit Tadbois et nous gardâmes Boisette.
Et ce fut alors le début d’un grand amour.
Comment est-il
possible de loger tant de tendresse, d’intelligence et d’amour dans un si petit
cœur ?


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