Là, sous nos pieds, se tapit une immense chambre magmatique.
C’est la solfatare, le royaume des marmites de boue, des dépôts
de soufre et des vapeurs de fumerolles.
La solfatare, c’est le royaume du soufre.
Son nom nous avertit : en cas de bêtise, vous risquez
de souffrir.
Il vaut mieux, en effet, regarder où l’on marche, éviter de
plonger un orteil distrait dans ces mares grisâtres, agitées de violents
bouillonnements dont les bulles éclatent en projetant des éclaboussures
brûlantes. Elles rongent peu à peu la terre à l’entour et votre tendre orteil s’y
dissoudrait de même.
Il vaut mieux aussi éviter de respirer l’acide sulfurique qui
se mêle aux vapeurs d’eau surchauffée.
Protégez donc votre nez délicat et votre gorge fragile
contre l’hydrogène sulfuré qui nous embaume de son odeur d’œuf pourri.
H2S, SO2, HCl, CO2, H2O, la nature donne ici son cours gratuit de
chimie minérale.
Mais, l’œil du visiteur lui se réjouit : le jaune vif du souffre sublimé qui se recondense
sur le sol ocre, l’orangé des collines avoisinantes, le gris bleuté des mares glougloutantes,
le vert d’une reste végétal, le cyan du ciel d’été et les silhouettes évanescentes
des visiteurs masqués par les jets de vapeurs.
Beau paysage que mon insuffisant pinceau peine à restituer.