Le vieux cœur a cédé. Après quelques jours où on avait pu
espérer une rémission, peut-être même des années de sursis, il s’est arrêté de
battre. Trop tôt. C’est toujours trop tôt. Le chagrin est brutal,
insupportable. Mais le Père ne sera pas un Aidé. Ce n’était pas son style.
Il est passé le temps glorieux où le Père allait vérifier
les sismographes au fin fond des Andes péruviennes ou sur les contreforts de
l’Himalaya. Il est passé le temps difficile où il s’occupait de valoriser les
savoirs de la DAM. Un pied à la DAM mais le cœur au CEA civil auprès de ses
amis du CAC. Il est passé le temps astreignant où il s’occupait des anciens de
sa promo, organisait leurs rencontres. Il est passé le temps épuisant de
l’Aidant en charge d’une épouse fatiguée. Il est passé le temps heureux de la
fondue aux trois fromages, le temps chaleureux de la vieille Ami 6, le temps
béni du jardinage et des haricots à fils.
Les filles ne seront désormais plus les filles, les enfants,
à l’abri derrière les Vieux, les parents aimés. Elles seront désormais en
première ligne. Ce sont elles qui retourneront au chalet toujours peuplé de la
présence parentale. Ce sont elles qui devront mémoriser tous les pics
environnants, tous les circuits de randonnées. Ce sont elles qui devront ranger
le chalet à leur départ, fermer le chauffage, vidanger le circuit d’eau, ranger
la clé de 12 entre celles de 10 et de 14.
Il pleut sur le chalet.
Courage les filles.
Adieu Michel.
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