Il était temps de se moderniser. L’époque des livraisons à
cheval était terminée. Le père fit l’acquisition d’une belle camionnette UNIC,
d’occasion, mais encore bien pimpante.
Le matin, Marius la sortait de l’entrepôt où elle passait ses
nuits et la chargeait des livraisons de la journée.
Les tonneaux de vin, les caisses
en bois de 15 litres, chacune de 30 kg rangés selon l’ordre du trajet.
Près de
3 tonnes sur le dos, un bel exercice de gym matinal.
Et Tintin, notre chien, en
équilibre fragile sur les caisses du haut, indiquant à force d’aboiements
qu’il
était le vrai responsable de l’opération.
Enfin l’Unic partait pour sa tournée :
Cannes, Le Cannet, Vallauris, Valbonne, Mougins, Pégomas ou Auribeau.
Il faudra
que je parle de Tintin !
Le lundi, c’était jour de congé. Mais pas forcément de repos
pour autant.
Parfois, c’est toute la famille que la camionnette conduisait au
bain.
Dans la cabine, Marius tenait le volant. Sa vieille mère Lucie prenait
place à ses côtés avec un ou deux marmots. Tous les autres montaient sur le
plateau arrière, à découvert. Il y avait ma maman Dette, mon parrain Jean et sa
femme Charlotte, ma marraine Fifine, Charlot
son mari, mes cousins Claude, Yus et Claude. Et, bien entendu, l’inséparable
Tintin.
Quel plaisir de s’asseoir sur les ridelles. Dette par ses
cris aurait préféré nous voir assis sur le plancher de bois, à l’abri du danger.
Il est vrai que Marius aimait rouler vite, en homme !
On n’avait pas oublié les assiettes, les verres, les plats,
les desserts et les bouteilles. On n’avait pas oublié non plus les couvertures,
les cannes à pêche et les ballons. On n’avait pas oublié enfin les caisses,
celles des 15 litres, mais vides, idéales pour servir de sièges ou de table à
manger. Et nous arrivions au Trayas sur les rochers. Déserts l’été en ces temps-là.
Ah, la belle époque. La baignade, les délicieux repas, les jeux de ballon, la
récolte des arapèdes et celle des oursins, enfin, surtout des capelans. Le soir,
fourbus au retour nous gisions étalés sur le plancher de la camionnette. Quels beaux
dimanches, ces lundis.
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