Fin 1939, la France entre en guerre. Marius est mobilisé. Il
quitte sa famille. Affecté à un régiment motocycliste, il est chargé, début juin,
de porter un message à une autre compagnie. Avec un collègue, ils prennent la
route, tombent dans un guet-apens et sont faits prisonniers. Sa guerre n’aura duré
que quelques jours.
Des jours de train et le voilà en Silésie. Il va y rester quatre
ans. Stalag VIIIC : 50000 prisonniers, famine, épidémies, mauvais
traitements et le terrible froid de Silésie. Après des mois, Marius est envoyé comme
travailleur dans une ferme, chez les Karasch. Le mari est réquisitionné. Il est
au front. Voilà donc Marius fermier. Lui, le citadin doit tout découvrir :
conduire le charreton, planter, semer, récolter, entretenir les animaux. Et les
mois, les années passent. Sa famille, sa femme et son fils lui manquent. La
santé tient le coup mais il a des douleurs d’estomac et il perd ses cheveux. « Tu
sais, lui dit un de ses copains, il y a un remède infaillible : tu te rases
complètement le crâne et tu te badigeonnes vigoureusement avec de la teinture
d’iode. C’est très efficace ! » Marius est sûr qu’il va encore rester
des années en Allemagne, il se rase et se tartine à la teinture d’iode. C’est
précisément à ce moment qu’il est convoqué par le responsable du Stalag qui l’informe
qu’il est libéré. Il va rentrer en France, rasé et violet.
Après des jours de transit, il arrive en gare de Cannes où
l’attendent son épouse, son fils et son père. J’ai 5 ans, je hurle de peur
devant ce type effrayant et me réfugie dans les bras protecteurs de mon grand-père.
En 1980, Odette et Marius partiront en Allemagne avec leur
belle Simca rouge rendre visite aux Karasch. Ne dit-on pas : « Quelle
connerie que la guerre ? »
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