769.2025.Noah

Math Sup, j’étais hébergé chez mes tantes niçoises, Berthe et Alice. 
Un petit pavillon tout en haut du boulevard Borriglione. 
On y était accueilli par une jolie treille de Noah 
ou peut-être de Gaillard car les grappes étaient noires. 
Le vin tiré de ce raisin rendait fou, disait-on, et même quelquefois aveugle. 
Il était d’ailleurs interdit de le commercialiser. 
Pour sourire un peu, ce breuvage était surnommé le vin de trois, 
car il fallait deux personnes pour soutenir le buveur. 
Sans doute était-ce dû à un taux élevé de méthanol. 
Folie ou pas, moi, j’aimais bien le goût foxé de ce raisin,
sa saveur de framboise. 
En arrivant le soir, je cueillais quelques-uns de ces grains délicieux 
puis, d’une simple pression, je faisais jaillir la pulpe 
gélatineuse et douce directement dans ma bouche.
J’allais ensuite me colleter avec le problème du jour, 
intégrales, matrices ou séries, 
que M. Momey savait varier à plaisir. 
Venait enfin le moment où Berthe cognait à la porte. 
« Le repas était prêt ! ». 
Le vieux poste nous accompagnait à table avec 
« Le gruyère qui tue », « Signé Furax », « Sur le banc » ou « La famille Duranton ». 
Grands moments. Heureux ceux qui les ont connus. 

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