L’écrit réussi à Aix nous autorisait à
présenter l’oral. Ce serait à Paris.
Les épreuves passées, il nous restait un peu de
temps.
C’était au Quatorze Juillet. La ville était en
fête. Drapeaux, air de joie, de bonheur.
L’Opéra offrait une séance d’après-midi
gratuite. Avec le copain Lucien nous y fîmes un tour.
On nous conduisit dans
une loge. Impressionnés les petits provinciaux
par l’immensité du lieu, le
rouge cramoisi des fauteuils et des tentures.
On y donnait Jeanne au bucher. Un oratorio dramatique d'Arthur Honegger sur un livret de Paul Claudel.
J’entends encore la Marseillaise entonnée par la cantatrice en guise de
supplément. Quelle émotion !
Monde ancien, monde perdu,
monde où ne
brulaient pas les voitures,
monde où l'on ne haïssait pas l’autre.
Une infinie
tristesse me submerge, la rage l’emporte sur le dégoût ...
Restons au bonheur d’antan.
Le spectacle fini nous partîmes vers des
quartiers plus osés.
Promenade devant le Moulin rouge. Encore du rouge.
Le comble de l’émancipation.
Un peu fautifs, nous marchions comme familiers
du lieu sur le trottoir, les bras allant.
Une demoiselle saisit alors la main de Lucien
et lui murmura un tendre « Tu viens chéri ? ».
Lucien n’était pas bègue.
Tout juste une petite hésitation de temps à
autre.
« Non Ma..., Madame, j’ai d’aut...,
d’autres occupations ».
Et nous hâtâmes le pas.
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