Viens ma Boisette, j’ai besoin de ton affection. Garetta est morte hier au soir. Tu ne la connaissais pas, je
sais, tu ne savais pas que pour Gérard, c’était l’amour de sa vie. Garetta
était toute de muscles, des mâchoires d’acier, un caractère assuré mais un
débordement d’amour. Il fallait voir
quand nous arrivions, comme elle nous
entourait de son affection débordante. Ses crocs puissants avalant nos bras qu’elle
aurait pu briser sans effort. Ses pattes d’acier aux griffes acérées rayant notre belle voiture. Et pas question de se
dérober à ses tendresses. Gérard avait beau ordonner, crier, menacer elle n’en
avait cure. Certes, elle aurait pu tout comprendre car elle en avait l’intelligence.
Elle aurait pu obéir à son maître, se coucher calmement à nos pieds. Mais
Gérard n’en avait pas voulu. Ah, fallait voir comme il avait viré le Maître-chien
qui prétendait instruire son chien. Son chien ? Sa fille, son amour, tu
veux dire ! Il avait adopté pour seule conduite, l’affection et l’amour.
Depuis sa tendre enfance, Garetta ne l’avait jamais quitté d’une
semelle. Sur les chantiers, dans les églises, les monuments,
ils partageaient la gamelle du midi ou le restau du soir.
Un beau jour, Garetta nous offrit une belle fournée de
petites boules brunes. Les amis les adoptèrent en n’en laissant qu’une à la
Cabrière. Nanou venait joindre son affection à celle de sa mère, ses jeux sans limite, ses courses à la « baballe »
(Pourquoi bêtifie-t-on avec les animaux et les enfants ?). Depuis, le soir,
l’énorme gamelle de viande bio et des légumes de saisons dut être doublée, la
place de Gérard dans le lit, réduite à la portion congrue.
Mais tout a une fin, le bonheur comme les ennuis. Peu à peu, Garetta
fatiguait, continuait de chercher la baballe,
défendait le bâton qu’elle serrait entre ses dents mais montait péniblement les
escaliers vers la chambre. Jusqu’à ce triste jour.
Pourquoi faut-il que nos amis vivent se peu de temps ?


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