785.2025.Bulles de souvenirs

Lou Roucas on l’appelait. C’était la maison des grands parents. Une idée réaliste de ce que pourrait être le Paradis. Dette était venue accueillir sa première petite fille à sa naissance. Le mois suivant, elle nous avait offert le voyage. Une découverte, une initiation. Le Super Constellation trouant la nuit des flammes de ses quatre moteurs avait, en un coup de baguette magique, transformé le toit gris parisien en un ciel d’azur ensoleillé. Depuis, dès que sonnait l’heure des vacances, la boussole indiquait Plein Sud. Finis l’école, la pluie, le vent, la neige. Finis les embouteillages, les miasmes de banlieue. Finis le travail envahissant des parents, le coucher trop précoce et le lever trop matinal.
Quelquefois c’était le train. En wagon-lit s’il vous plait. Notre cabine à nous, un T2 où le bébé, la chatte et ses petits s’installaient à leur aise. Le matin, la halte à Fréjus avec les croissants du petit déjeuner  pendant qu’on déchargeait notre voiture. Restait à « succuler » le dessert du voyage : la Corniche dorée jusqu’à Cannes.
Plus souvent, c’était la voiture. Moins cher. D’abord, la Dedeuche. 50 de moyenne. Le bouton manuel pour faire marcher les essuie-glaces. Le vaillant petit moteur de 375 cc s’essoufflant dans les montées. 10 heures de voyage avant d’atteindre Lyon où nous attendait Trilliat pour la nuit de repos. Avec le temps on  eut plus confortable.
Enfin Cannes ! Les neurones fatiguent mais les souvenirs reviennent, émergent par bouffées. En cas de maladie,  aller s’y rétablir et se faire dorloter. L’index sur la tempe de Dette qui rêvassait sur sa chaise longue  dans le jardin. Les parties d’échec avec Marius. Le bricolage et la maçonnerie avec Parrain. La pêche à la fourchette. Le bain dans le bassin. La plage du Midi et le Soleil matinal. La douche au retour et les somptueux repas de Dette. Les virées à Saint Honorat avec les dégoulinants pans bagnat. Maya, Laila, Le Chat, Belle et Cigüe qu’on aimait tant et qui faisaient pleurer lors des séparations.
Eternel souvenir de ces grands parents adorés nous attendant sur le balcon.  

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