790.2025.Les piles à combustible

Il s’appelait Dalmasso. Du moins, il me semble. Il travaillait rue du Pont Romain. Ça, je m’en souviens bien. Il était électricien. Enfin, je le crois. Il avait une chienne. Un chien-loup comme on disait alors.
Il lui arrivait quelquefois d’être en chaleur. Je parle d’elle, bien entendu. Les canidés du quartier ne manquaient jamais, dans ces circonstances, de venir flairer un peu la devanture de l’atelier. Et un chien qui sent, ça pisse ! Oh, pas grand-chose, juste une petite goutte. Mais, les gouttes s’additionnant, l’odeur s’accumulait. Qui plus est, le liquide finissait par corroder le rideau métallique du magasin.
Alors, excédé par ces tristes expériences, Dalmasso  en vint au fait. Il mit le rideau sous tension. Le 220 n’existait pas à l’époque : on ne connaissait que le 110. Ce n’était pas encore de la bonne électricité nucléaire aux vertus écologiques connues. Pas davantage celle des avatars de vent ou de soleil. Mais 110, c’était déjà beaucoup pour l’objectif visé. Peut-être Dalmasso s’inspira-t-il des clôtures à vaches ou laissa-il débridée sa mauvaise humeur sans plus de précaution. Toujours est-il que le premier clébard arriva bientôt, renifla, leva la patte, éjecta sa petite giclée et s’enfuit en hurlant. 
Depuis ce premier jour, les promeneurs du quartier n’eurent de cesse de s’étonner de voir les chiens changer de trottoir à l’approche de l’atelier. 
Et oui, amis physiciens, le liquide en question est conducteur. On peut donc produire de l’électricité dans des piles à combustible microbiennes. Par exemple, deux litres d'urine produisent assez d’énergie pour recharger votre smartphone.  Alors, à quand le remplacement des disgracieuses éoliennes par d'élégantes vespasiennes géantes ?

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