En ce temps-là, Monsieur, le quai Saint Pierre était sombre la nuit.
Ma mère
lessivait au lavoir du Suquet.
Mon père
chargeait sa camionnette pour livrer ses clients.
Mon
grand-père redressait des clous rouillés pour réparer ses caisses à
vin.
Dans notre
Midi, le Soleil s’absente quelquefois
Et même
souvent, l’hiver, il faisait froid chez nous,
Le petit
Mirus peinant à faire quelque chaleur.
De Forville,
avec les copains, on allait à pied à Jules ou à Carnot
Jouant tout
au long un match de foot avec un beau galet.
En ce
temps-là, Monsieur, les billes de terre tenaient lieu de smartphones
L’été on le
passait en colo à St Vallier pas au Mexique ou en Arizona
Le dimanche
toute la famille partait en camionnette se baigner au Trayas
Le père à
l’avant, avec sa vieille mère, tenait le volant
Et toute la
famille assise sur les ridelles
Occupait le
plateau avec les paniers du repas de midi.
Oui, Monsieur, en ce temps-là les nuits étaient noires.
Mais dans le
ciel noir de Cannes, on voyait luire les étoiles.