Cette année-là, l’école du Suquet présentait deux candidats
au concours d’entrée en 6me. Et oui, on
sélectionnait alors. L’affreuse sélection ! Mme Guérini, notre maitresse
nous accompagnait attendant la fin de chaque épreuve pour nous questionner,
nous rassurer, se rassurer elle-même.
Parmi tous les lauréats, on en réserva certains pour faire
partie des classes « nouvelles ». Re sélection. Scandale ! Qui plus est, la sélection portait aussi sur les
enseignants car on avait retenu les meilleurs et les plus motivés pour les
affecter à ces classes. Deux écoles s’affrontaient soit choisir les meilleurs élèves pour les améliorer encore,
soit s’intéresser aux mauvais pour les aider. Une voie
libérale, une socialiste. J’eus la chance de me trouver dans la première.
On avait décidé de nous éloigner du lycée Carnot et choisi
de nos insérer dans l’école Jules Ferry. Au sein d’une vaste
propriété avec son immense parc arboré de cèdres centenaires, une splendide
allée conduisait à un vieil
hôtel particulier. C’est là qu’était notre domaine..
Les meilleurs élèves, les meilleurs profs, garçons et filles
mélangés, une école à l’écoute des élèves, un vaste domaine où gambader à son
aise, un travail en commun, des exercices d’émulation, des exposés par équipes,
des enquêtes sur le réel, des visites culturelles. A la récré, nous jouions aux
billes ou au couteau. Quoi, qu’ouïs-je ? Au couteau ? (Ronger le terrain de son adversaire en y plantant son couteau). Les filles de leur côté papotaient.
Un seul garçon partageait leurs confidences, le dénommé Verdet que nous
moquions tout en le jalousant. Quel bonheur !
Aujourd’hui, le vieil hôtel a été détruit, l’allée effacée,
le portail remplacé par un escalier colossal, le parc disparu sous les bâtiments
entassés les uns sur les autres et mes souvenirs enfouis sous le béton.
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