Sans avoir lu Hugo, il maitrisait l’Art d’être Grand Père.
On
s’installait sur ses genoux et le suppliait de raconter,
pour la centième fois, l’une de ses histoires du Piémont natal.
Il faisait semblant d’hésiter. Un bref
instant.
Mais laquelle ? « Sauta la bialera, Louis »
ou « Giovani
et les loups » ou celle du snob qui revient à la ferme
ou celle des
crottes de l’envieux
ou celle de Louis
qui fait du commerce » ou tant d’autres.
Il y avait aussi celle du petit
cordonnier.
Un château hanté était offert à celui qui aurait le courage d’y
passer la nuit.
Le héros prend une provision de noix et, quand la nuit vient, les
casse et les mange.
Alors, une voix sépulcrale tombe du plafond
« Aie, aie aie mi
tombo ! » (Hé oui, le fantôme, lui aussi, parlait couramment le
piémontais).
« Hé, tombe tant que tu veux ! »
Un bras tombe à
côté du cordonnier qui le jette négligemment derrière lui.
Plus tard, (Pépé
savait susciter l’attention) mêmes répliques et c’est l’autre bras, puis la
jambe,
puis l’autre jambe, puis le tronc et finalement la tête.
A chaque fois
le cordonnier jette le morceau derrière lui et continue à casser ses noix.
A la
fin les morceaux du fantôme se recollent et le spectre apparaît en entier.
« Qu’est-ce que tu manges ? » dit-il. « Des noix ! »
« C’est bon ? » « Goûte » « Oh, Bel et ben
boun ! Grazie » dit le fantôme et il s’en va !
Le cordonnier pourra hériter
du château, lot de son courage et, en prime, épouser la belle princesse.


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