Les deux Maitresses et le Servant habitent une belle
demeure, modeste et fort rustique, avec tout le confort et chaleureuse
à souhait. Il y a l’eau, le butane, la lumière et même, quelquefois, le cloud
et internet. Elle est perdue, nichée dans la nature. Un grand domaine l’entoure avec des pins, des oliviers, des figuiers et des cades. A terre,
le romarin, le thym, la sarriette et les
ronces avoisinent. Le sol y est aride et les pierres ne cessent d’émerger :
un monde de cailloux, de roches et de rocs. Et, malgré l’été, malgré la chaleur
excessive, malgré la sécheresse, l’herbe pousse. L’herbe c’est si joli.
Mais l’herbe, ça pousse.
Le Servant entretient le domaine. A la serpe, à la faux, à la machine, il tond. Le Servant lutte contre la ronce. La diablesse ne cesse de
croître, se multiplier, se glisser entre les roches des murets. Le Servant ramasse
les pierres poussées pendant la nuit. Il les range soigneusement le long des raidillons. Il brule l’herbe sèche qu’il a coupée la veille. Il lui faut une
journée pour approprier la restanque. Demain, ce sera la suivante. Après-demain, il poursuivra sa tâche. Et dans huit jours, les ayant toutes essartées, il lui
faudra recommencer à la première, repoussée entre temps. Il maudit ces
mauvaises herbes.
Le Servant, éreinté, cassé, suant, dégoulinant, le soir rentre
chez lui. Et là, ces maudites herbes lui barrent le chemin. Les coquelicots ont
envahi l’entrée. Et les voilà qui pleurnichent : « A boire! à boire
par pitié ! »
« Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à
moitié », le Servant, paysan au sourire si doux, hésite,
réfléchit, soupire. Elles sont si belles ces herbes mauvaises !
« Ne marche pas dessus et donne leur tout de même à
boire » me dit-il.
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