738.2025.Caramba

Les deux Maitresses et le Servant habitent une belle demeure, modeste et fort rustique, avec tout le confort et chaleureuse à souhait. Il y a l’eau, le butane, la lumière et même, quelquefois, le cloud et internet. Elle est perdue, nichée dans la nature. Un grand domaine l’entoure avec des pins, des oliviers, des figuiers et des cades. A terre, le romarin, le thym,  la sarriette et les ronces avoisinent. Le sol y est aride et les pierres ne cessent d’émerger : un monde de cailloux, de roches et de rocs. Et, malgré l’été, malgré la chaleur excessive, malgré la sécheresse, l’herbe pousse. L’herbe c’est si joli. Mais l’herbe, ça pousse.
Le Servant entretient le domaine.  A la serpe, à la faux, à la machine, il tond. Le Servant lutte contre la ronce. La diablesse ne cesse de croître, se multiplier, se glisser entre les roches des murets. Le Servant ramasse les pierres poussées pendant la nuit. Il les range soigneusement le long des raidillons. Il brule l’herbe sèche qu’il a coupée la veille. Il lui faut une journée pour approprier la restanque. Demain, ce sera la suivante. Après-demain, il poursuivra sa tâche. Et dans huit jours, les ayant toutes essartées, il lui faudra recommencer à la première, repoussée entre temps. Il maudit ces mauvaises herbes.
Le Servant, éreinté, cassé, suant, dégoulinant, le soir rentre chez lui. Et là, ces maudites herbes lui barrent le chemin. Les coquelicots ont envahi l’entrée. Et les voilà qui pleurnichent : « A boire! à boire par pitié ! »
« Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié », le Servant, paysan au sourire si doux, hésite, réfléchit, soupire. Elles sont si belles ces herbes mauvaises !
« Ne marche pas dessus et donne leur tout de même à boire » me dit-il.

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