C’était en
d’autres temps.
L’abbé Otta, qu’on appelait affectueusement
« l’Abbé »
nous conduisait l’été en colo au Monastère de Saorge.
Il
était accompagné par un autre abbé dont j’ai oublié le nom. A consonance
piémontaise, bien sûr. Mauro, peut-être ? Disons Mauro !
Le Mauro en
question était curé mais un fameux balèze. Style Don Camillo.
Le séjour
était rythmé par les repas rustiques mais copieux, les activités sportives de
l’après-midi,
l’histoire du soir racontée par l’un des abbés et les nuits de
plomb sur d’authentiques paillasses. Oui, en paille, quoi !
Souvent, l’après-midi,
nous descendions prendre un bain dans la Bendola, au lieu-dit « le bain du
Sémite ».
L’eau verte, limpide et glaciale nous attendait.
Alors là, il
y avait les prudents, les sages, les timides. J’en faisais partie.
Nous
faisions trempette dans une sorte de cuvette où même les plus minus, les
minots, gardaient pied.
Et il y avait les intrépides, les sportifs, les
imprudents.
Eux n’hésitaient pas à remonter le cours d’eau malgré ses « rapides ».
Ce jour-là à
peine arrivés, encore tout en sueur, nous nous apprêtions à barboter.
L’abbé
Mauro prend son élan et exécute un royal plongeon dans l’eau glacée.
Et le
voilà instantanément figé, bloqué, coulant. L’inquiétude nous fige. Comment
gérer la situation ?
Que faire d’un abbé d’un quintal ? Et un quintal
inerte, ça pèse deux fois plus !
Que faire avec nos quelques 30 kilos tout
mouillés ? L’abbé Otta debout en soutane et sandales sur un rocher à fleur
d’eau, des enfants à l’eau qui poussent, d’autres sur le rocher qui tirent.
Efforts contradictoires, peu efficaces. Les mains glissent, les pieds aussi.
Panique.
L’abbé Mauro
réagit enfin. Le voilà tiré sur le rocher, le voilà assis, le voilà respirant.
Ouf. Là-haut,
dans le ciel, on sourit. Bravo les enfants !
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