773.2025.Antinéa.

L’Atlantide ? Un mythe venu du fond des âges ? Une pure invention platonicienne ? Un fantasme de philosophe ? Un monde fondé par des Extraterrestres ? Des Atlantes vertueux et justes, gouvernés avec sagesse et modération jusqu’au jour où, corrompus par l’hubris, "gonflés d'injuste avidité et de puissance", ils envahissent l’Europe et, punis par les Dieux qui engloutissent leur continent sous les flots ? Et pourquoi pas le royaume d’Antinéa, la belle et amoureuse reine des gravures rupestres du désert ? Un royaume inconnu, au cœur du Hoggar où cette reine monstrueuse a fait construire 120 niches dans ses murs pour chacun de ses amants ?

L’Atlantide ? Un fait historique ? Une sublime civilisation régie par la Sagesse, la Science et la Haute Technologie. Un monde détruit par les caprices de la nature, un continent englouti sous les flots, une civilisation dont on cherche les traces depuis plus de 2000 ans. Dans l’Atlantique, à l’évidence, mais aussi dans la Méditerranée, le Sahara, l’Antarctique ou la Mer des Sargasses.

Allons, soyons sérieux : l’Atlantide, c’est la merveilleuse civilisation de Santorin. Un monde à la fois merveilleux, mystérieux et magnifique qui séduit les rêveurs comme les historiens.

772.2025.Michel Strogoff

 
"Regarde de tous tes yeux, regarde!"
L'homme qui répétait les paroles de l'émir était l'exécuteur des hautes oeuvres de Féofar-Khan. 
Il avait pris place derrière Michel Strogoff et tenait à la main 
un sabre à large lame courbe, une de ces lames damassées qui ont été trempées 
par les célèbres armuriers de Karschi ou d'Hissar...
Près de lui, des gardes avaient apporté un trépied sur lequel reposait un réchaud 
où brûlaient, sans donner aucune fumée, quelques charbons ardents. 
La buée légère qui les couronnait n’était due qu’à l'incinération d’une substance résineuse et aromatique, mélange d'oliban et de benjoin, que l’on projetait à leur surface...
Cependant, Michel Strogoff était debout, ayant le regard hautain pour l'émir, méprisant pour Ivan Ogareff. Il s'attendait à mourir, et, cependant, on eût vainement cherché en lui un symptôme de faiblesse.
«Tu es venu pour voir, espion des Russes. Tu as vu pour la dernière fois. Dans un instant, tes yeux seront à jamais fermés à la lumière! »
Ce n’était pas de mort mais de cécité qu'allait être frappé Michel Strogoff ...
La lame incandescente passa devant ses yeux. Un cri de désespoir retentit.
Michel Strogoff était aveugle
..

771.2025.La mort de Joli-coeur

Sans famille. Hector Malot.
Souvenir d’une douce tristesse d’enfant.
Rémi et Vitalis parcourent la France avec Capi et Joli-cœur.
Une tempête de neige, Joli-cœur attrape une pneumonie.
« Je montai l’escalier le premier et j’entrai dans la chambre en courant ; 
le feu n’était pas éteint, mais il ne donnait plus de flamme.
J’allumai vivement une chandelle et je cherchai Joli-Cœur, surpris de ne pas l’entendre.
Il était couché sur sa couverture, tout de son long, 
il avait revêtu son uniforme de général, et il paraissait dormir.
Je me penchai sur lui pour lui prendre doucement la main sans le réveiller.
Cette main était froide.
À ce moment, Vitalis entrait dans la chambre.
Je me tournai vers lui.
— Joli-Cœur est froid !
Vitalis se pencha près de moi.
— Hélas ! dit-il, il est mort »

770.2025.Le conteur

 
Merci à toi, Jules Verne, pour les heures de bonheur que tu as apportées à ceux de mon âge. 
Vingt mille lieues sous les mers : Où le harponneur Ned Land se retrouve sur le dos 
d’un monstre marin qui se révèle être un fabuleux sous-marin, 
le Nautilus du capitaine Nemo.
L’île mystérieuse : Où on rencontre un prodigieux ingénieur Cyrus Smith 
capable de tout faire à partir de rien. 
Peut-être est-ce lui qui m’a donné l’envie de devenir ingénieur ?
Voyage au centre de la Terre : Où on en explore les profondeurs à partir d’un volcan
islandais éteint avant d’en ressortir par le cratère du Stromboli.
De la Terre à la Lune et Autour de la Lune : Où Michel Ardan et ses coéquipiers 
orbitent autour de la Lune et reviennent amerrir sur Terre grâce à un astéroïde.
Michel Strogoff : Où on suit le héros, courrier du tsar, poursuivi par ses ennemis, 
trahi par un soldat, attaqué par des loups, aveuglé mais aimé.
Et quelques autres : Le Chancellor, inspiré du radeau de la Méduse,  
L’étoile du Sud, un énorme diamant noir,  
Le rayon vert que cherche l’héroïne Héléna, 
Le Secret de Wilhelm Storitz, son invisibilité,  
Robur le Conquérant, une fantastique machine volante, 
Les frères Kip, un beau roman policier, 
Cinq semaines en ballon, une intrigue féconde en rebondissements,  
Les Enfants du capitaine Grant qui retrouvent leur père naufragé ... 
On ne saurait les citer tous.

769.2025.Noah

Math Sup, j’étais hébergé chez mes tantes niçoises, Berthe et Alice. 
Un petit pavillon tout en haut du boulevard Borriglione. 
On y était accueilli par une jolie treille de Noah 
ou peut-être de Gaillard car les grappes étaient noires. 
Le vin tiré de ce raisin rendait fou, disait-on, et même quelquefois aveugle. 
Il était d’ailleurs interdit de le commercialiser. 
Pour sourire un peu, ce breuvage était surnommé le vin de trois, 
car il fallait deux personnes pour soutenir le buveur. 
Sans doute était-ce dû à un taux élevé de méthanol. 
Folie ou pas, moi, j’aimais bien le goût foxé de ce raisin,
sa saveur de framboise. 
En arrivant le soir, je cueillais quelques-uns de ces grains délicieux 
puis, d’une simple pression, je faisais jaillir la pulpe 
gélatineuse et douce directement dans ma bouche.
J’allais ensuite me colleter avec le problème du jour, 
intégrales, matrices ou séries, 
que M. Momey savait varier à plaisir. 
Venait enfin le moment où Berthe cognait à la porte. 
« Le repas était prêt ! ». 
Le vieux poste nous accompagnait à table avec 
« Le gruyère qui tue », « Signé Furax », « Sur le banc » ou « La famille Duranton ». 
Grands moments. Heureux ceux qui les ont connus. 

768.2025.Le concours.

L’écrit réussi à Aix nous autorisait à présenter l’oral. Ce serait à Paris.
Les épreuves passées, il nous restait un peu de temps.
C’était au Quatorze Juillet. La ville était en fête. Drapeaux, air de joie, de bonheur.
L’Opéra offrait une séance d’après-midi gratuite. Avec le copain Lucien nous y fîmes un tour. 
On nous conduisit dans une loge. Impressionnés les petits provinciaux 
par l’immensité du lieu, le rouge cramoisi des fauteuils et des tentures. 
On y donnait  Jeanne au bucher.  Un oratorio dramatique d'Arthur Honegger sur un livret de Paul Claudel
J’entends encore la Marseillaise entonnée par la cantatrice en guise de supplément. Quelle émotion !
Monde ancien, monde perdu, 
monde où ne brulaient pas les voitures, 
monde où l'on ne haïssait pas l’autre.
Une infinie tristesse me submerge, la rage l’emporte sur le dégoût ...
Restons au bonheur d’antan.
Le spectacle fini nous partîmes vers des quartiers plus osés.
Promenade devant le Moulin rouge. Encore du rouge. Le comble de l’émancipation.
Un peu fautifs, nous marchions comme familiers du lieu sur le trottoir, les bras allant.
Une demoiselle saisit alors la main de Lucien et lui murmura un tendre « Tu viens chéri ? ».
Lucien n’était pas bègue.
Tout juste une petite hésitation de temps à autre.
« Non Ma..., Madame, j’ai d’aut..., d’autres occupations ».
Et nous hâtâmes le pas.