627.2024.La rue des bars

En ces temps anciens, la rue « Saint Antoine et du Suquet » était déjà bien fréquentée.
Dans le fond, la belle maison aux fenêtres encadrées de briques abritait la boutique de Monsieur Cyr.
Un coiffeur à l’ancienne chez qui ma Mère m’avait conduit,
après les essais malheureux de mon cousin Marius
qui s’était entrainé à la coupe sauvage sur ma jeune chevelure.
Monsieur Cyr avait tout rasé. Horribile visu et auditu. Rougeur de la honte !
Il y avait aussi, un peu plus bas le rétameur, face au puits.
Peu soucieux d’écologie avec ses noires fumées stanneuses.
Je n’oublie pas les épiciers, le marchand de chaussures ou le boulanger.
Tous ces petits commerçants qui ne roulaient  pas sur l’or.
Mais surtout, c’était la rue où logeaient les pêcheurs.
Ils remontaient du port les paniers pleins :
Rascasses, vives, girelles, rougets, congres, daurades, sars,
Oursins, langoustes, seiches, poulpes (les pourpres, quoi !)
Et même quelquefois de magnifiques bars.
Eh oui, ces temps ont passé.
La seule chose qui nous reste ici, ce sont précisément les bars.

626.2024.Les coquilles

 
Quand la Ville s’agite, 
les barques de pêcheurs,
reposent au Soleil en fin de matinée.
Tout en les contemplant, on pense à Hugo
« L’homme est en mer. Depuis l’enfance matelot,
Il livre au hasard sombre une rude bataille.
Pluie ou bourrasque, il faut qu’il sorte, il faut qu’il aille,
Car les petits enfants ont faim ... »
Soyons moins excessifs en trahissant Brézieux
"De cette humble coquille, prenez le gouvernail,
Car sur la Grande Bleue, au Soleil du Midi,
Va naviguer sans peur, ce beau petit bateau.
Bénissons ce travail qui nourrit vos familles
Et les nombreux touristes du Marché de Forville".

625.2024.Ma très chère Rue des Suisses

Pourquoi diable a-t-on appelé cette rue
La Rue des Suisses ?
Bien sûr, il y avait le Bon Lait
Avec ses petits suisses.
Il y avait aussi Aimé le coutelier,
Qui en vendait.
Des couteaux suisses.
Le dimanche, on pouvait trouver
Chez Nicola, une brioche pâtissière.
A la Suisse.
Chez Graille la viande des Grisons.
Et même, chez Lovera un excellent chocolat.
Belge ?
Mais là-haut, chez l’abbé Otta
Il n’y en avait pas, que je sache,
Des gardes suisses.
Par contre, du Piémontais, on en trouvait à profusion.
Alors pourquoi pas la rue des Piémontais ?
C’est là où je suis né, là où fut le cadre heureux de mon enfance.
Alors, dis-moi Christian,
Pourquoi diable a-t-on appelé cette rue
La Rue des Suisses ?
 
Sur le site de Cannes, Gilles me répond.
Je prends Christian de vitesse. L'« aire dóu soui » ou "iero dóu soui"(en vieux provençal) était l’ancien dépôt d’ordures de Cannes, le dépotoir municipal. En 1883, lorsqu’on procéda pour la première fois à l’inscription des noms des rues de la ville, un officier ministériel ignorant le provençal traduisit le nom par « aire des suisses »...et baptisa la rue qui traversait ce quartier « rue des suisses ». Rien à voir donc avec nos amis helvètes, et encore moins avec les produits du Bon Lait . Rien à voir non plus avec la petite garnison de gardes suisses que François 1er avait installée vers 1525 au sommet de la Croix des Gardes.

624.2024.Ma communale

Mais qu’est-ce qu’ils ont fait de mon préau ?
A Cannes, il ne pleut jamais. C’est bien connu.
Sauf au moment du Festival.
Dans ces temps anciens, nous passions la récré
A jouer dans la cour de l’école.
Aux billes, à viande, à chat perché. Au soleil.
Mais, lors des rares jours de pluie, on se réfugiait sous le préau.
Dans la cour supérieure.
N’était-ce pas là qu’on distribuait le verre de lait à 4 heures ?
Aujourd’hui, mon préau, tu as perdu de ta superbe.
Des envahisseurs t’ont enfermé derrière des cloisons opaques.
Ils y ont entassé leur bric à brac.
Des sièges, des pots, des planches, des troncs, des statues.
Ils t’ont rebaptisé Phidias ! Bêcheurs ! 
Mon beau préau tu fais un peu crado. Un coup de balai s’impose.
Mais grâce à ces prédateurs, tu vis toujours
Tu es encore là pour rappeler notre si belle jeunesse


 

623.2024.Capillologie

Quelque part en Provence.
Peut-être aux Saintes Marie ?
Nouvelle tentative de représentation de la chevelure féminine.
C’est curieux comme cette chevelure est belle, comme elle est attirante
Alors que les poils sont plutôt considérés 
comme laids voire repoussants.
Je suis tenté de baptiser cette aquarelle d’un terme pédant 
évoquant la science du cheveu.
Logos s’impose mais le mot grec pour cheveu 
serait tricho et il est peu connu.
On aurait alors la trichologie. 
Pas mal mais peu parlant.
Je me résous à utiliser capillus créant ainsi un monstre mi grec mi latin.
Pierre Brulé y est arrivé avant moi : ce sera la capillologie.
Un commentaire un peu capillotracté
Qui n’échappe pas à la tetracapillectomie

 

622.2024.Mékelbodo

L'aquarelle précédente me convenait.
Pourquoi ne pas en reprendre les ingrédients ?
Un joli modèle,de dos, 
pour ne pas affronter la difficulté
de représenter un trop beau visage,
une chevelure animée d'un ample mouvement.
Mais j'ai oublié la troisième leçon :
se contenter d'évoquer d'une ligne
le corps de la personne. 
J'ai opté pour une représentation plus figurative.
Pas mal quand même,
mais pas aussi réussie que la demoiselle au beau chignon.
C'est finalement du titre dont je suis le plus fier.